Une société civile florissante
«Schweizer Monat» est une publication mensuelle dont les auteurs thématisent depuis 1921 des questions de l’actualité politique et sociale. Sa rédaction publie en outre régulièrement des numéros spéciaux portant sur un sujet spécifique, tel le numéro d’octobre 2015 qui thématise l’engagement bénévole au sein de la société civile. Comme dans bien d’autres domaines encore, la Suisse est une exception à cet égard: notre pays dispose d’un système de milice exigé par l’Etat et encouragé par l’Etat. En effet, les habitants s’engagent bénévolement dans plus de 100’000 associations et organisations de quartier à travers le pays. Les fondations sont très nombreuses et la propension à faire des dons est bien ancrée dans la population. L’actuel numéro spécial de «Schweizer Monat» informe les lecteurs sur les tendances constatées au sein de la société civile, tout en les sensibilisant et en les encourageant à s’engager eux aussi pour l’utilité publique. Les articles et les questions d’interview sont signés Barbara Bleisch, Monique Bär, Peter Sloterdijk, Markus Freitag et Lukas Niederberger.
René Scheu (éditeur)
La société civile en plein essor. De la valeur de l’engagement bénévole
„Schweizer Monat“, das Autorenmagazin, Sonderthema 25
Editions SMH, Zurich 2015
Cet ouvrage scientifique
Theo Wehner, Stefan T. Güntert
291 Seiten, Springer-Verlag 2015
Cet ouvrage scientifique réunit des articles et exposés rédigés ces dernières années par une douzaine d’auteurs reliés de près ou de loin au Centre pour les sciences de l’organisation et du travail (ZOA) de l’Ecole polytechnique de Zurich. Ce mélange de textes catapulte d’une part le lecteur intéressé vers des dimensions philosophiques, le confrontant à l’univers intellectuel de Hannah Arendt et de sa conception de la vita activa. D’autre part, de nombreuses statistiques renseignent ce même lecteur sur les motivations intrinsèques et extrinsèques des personnes impliquées dans le bénévolat. Ces deux approches, l’une comme l’autre, ne sont pas nouvelles. Ce qui est nouveau, c’est l’analyse qui est faite des similitudes et des différences constatées dans les motivations ainsi que les échelles de satisfaction, que ce soit au niveau du bénévolat formel de base, à celui des fonctions honorifiques d’élus, des postes publics de milice ou, enfin, de l’activité professionnelle. Alors que les personnes exerçant une activité bénévole courante recherchent surtout du sens, une communauté et des amis, les personnes occupant une fonction bénévole officielle et les acteurs de milice souhaitent faire avancer les choses, à l’instar des personnes professionnellement actives. Les organisations recourant à des bénévoles, auront confirmation de ce qu’elles observent chaque jour: les bénévoles ne souhaitent pas seulement s’engager pour une bonne cause, mais ils désirent que ces nobles objectifs se reflètent au niveau des structures des organisations ainsi que dans le comportement des professionnels envers les bénévoles. C’est à ce «prix» que seront durables la motivation et la relation personnelle des bénévoles par rapport à la cause.
Fundraising
Grundlagen, System und strategische Planung
Peter Buss
Haupt Verlag, Bern 2012, 461 Seiten,
ISBN 978-3-258-07621-8
Peter Buss est le pape suisse de la collecte de fonds. Dans cet ouvrage de référence, il réunit les théories – présentées de manière systématique – avec ses expériences pratiques et ses conseils personnels. Il complète par des idées philosophiques sur l’altruisme, par des analyses sociologiques et économiques de la répartition des richesses et du marché des dons, par une réflexion sur la psychologie des individus et de la société dans son ensemble ainsi que sur la motivation et les caractéristiques émotionnelles des fondateurs. Il en résulte une synthèse aussi passionnante qu’utile. Buss analyse de manière différenciée le comportement des donateurs, que ce soient des personnes privées, des auteurs de legs, des fondations, entreprises ou corporations ou encore l’Etat. Pour finir, le lecteur constatera que Buss ne manque pas de cette caractéristique si typique des Bâlois qu’est l’auto-ironie. Ainsi, en parlant de la guilde des collecteurs professionnels de fonds, il écrit: «Je ne sais pas pourquoi des êtres humains s’infligent ça.» Finalement, pour Buss, ce qui compte dans ce livre, dans la collecte de fonds de manière générale et aussi dans la plateforme Internet qu’il vient de concevoir www.stiftungschweiz.ch, c’est de faire se rencontrer donateurs et organisations afin de contribuer à la satisfaction pour les deux parties, à des partenariats durables et à des résultats bénéfiques à tous. En revanche, Buss ne donne aucune recette toute faite pour la collecte de fonds; grâce aux théories exposées et aux outils présentés, le lecteur devra se donner la peine de créer sa propre stratégie de levée de fonds.
La Croix-Rouge suisse (CRS)
Schweizerisches Rotes Kreuz
Verlag Seismo, Zürich 2014
ISBN: 978-3-03777-141-9
La Croix-Rouge suisse (CRS) – laquelle fêtera ses 150 ans en 2016 – bénéficie du concours de quelque 70’000 bénévoles. Dix d’entre eux se présentent dans cet ouvrage sur le bénévolat. La CRS connaît bien la valeur des activités bénévoles; elle approfondit régulièrement les divers sujets en lien avec le bénévolat, s’intéressant à la motivation et aux besoins des bénévoles, à leurs ressources, aux possibilités d’intervention et aux missions qui font sens, mais aussi aux feedbacks, notamment à l’estime et à la reconnaissance. La CRS sait mieux que toute autre organisation en Suisse que les activités bénévoles sont constamment prises entre la tradition et le changement, entre le chargé de sens et le divertissement, entre l’événement d’un instant et le tissage patient de relations durables. Six des 26 contributions de cet ouvrage utile ont été rédigées en français.
Une société civile qui fonctionne
Gemeinwesenarbeit und lokale Entwicklungspartnerschaften
Petra Potz, Reinhard Thies
Edition «Stiftung Mitarbeit», Bonn 2010
48 pages, ISBN 978-3-941143-07-4
e bien-être de tous et l’esprit communautaire, une société civile qui fonctionne, ainsi que la participation active et la coopération constructive de tous les acteurs – ce sont là des éléments particulièrement importants aux endroits socialement sensibles en ville. Le développement social de nos villes est une tâche permanente qui incombe à la fois à la Confédération, aux cantons et aux communes. Pour soutenir le travail d’utilité communautaire, des offres sur mesure sont nécessaires, de sorte à faire participer, éduquer et qualifier les habitants des quartiers défavorisés. On peut considérer les processus à l’œuvre dans une ville sociale comme des modèles permettant d’illustrer bon nombre de nouveaux défis au niveau de la cohabitation, du développement économique et des tâches de l’Etat social. C’est à condition de consolider les franges de la société qu’il sera possible de conserver les centres de nos villes.
Reichtum, Philanthropie und Zivilgesellschaft
Wolfgang Lauterbach u.a.(Hrsg.)
Verlag Springer, Wiesbaden 2014, 288 Seiten,
ISBN 978-3-658-06012-1
L’évolution en cours, dans presque tous les pays, a pour effet de creuser l’écart entre les riches et les pauvres, et, parallèlement, d’augmenter rapidement la création de fondations par des personnes nanties. Les auteurs de l’ouvrage discutent les notions de richesse, de philanthropie et de société civile ainsi que les liens qui existent entre elles. Cette lecture n’amusera ni mécènes ni créateurs de fondations. En effet, les sociologues et chercheurs spécialistes de la richesse soulignent à plusieurs reprises que les activités philanthropiques ont un caractère légitimant: «Une répartition inégale de la richesse est acceptée par la population pour autant que des riches ‘restituent’ à la société une partie de leurs biens, en ce qu’ils assument une responsabilité sociale.» Les scientifiques posent, sous plusieurs angles, la question suivante: Les fondations sont-elles un enrichissement pour la société et, si oui, à quelles conditions? Les auteurs critiquent l’Etat qui, en accordant des remises d’impôts aux fondations, accepte de perdre des impôts tout en espérant que ces mêmes fondations soutiendront généreusement le secteur public dans ses tâches. Ce faisant, l’Etat perd de son influence dans le domaine social et culturel, disent les auteurs, et il privilégie de manière non démocratique le pouvoir des nantis. Les auteurs argumentent en outre que les personnes aisées, par le biais de leurs fondations et fonds, financent des projets susceptibles de leur apporter du prestige et des contacts avec l’élite plutôt que de soutenir des tâches publiques, comme la construction ou l’assainissement de canalisations, voies ferrées ou routes. Toutefois, les auteurs ne sont pas exclusivement sceptiques. Ils remarquent qu’en assumant des responsabilités et par leur action philanthropique, les créateurs de fondations prennent part à la société, luttent contre l’exclusion sociale et se réalisent personnellement. L’ouvrage démontre également que l’action philanthropique est souvent plus flexible, plus créatif, plus individuel et plus ciblé que l’effort public. Les auteurs citent en exemple ces initiatives très actuelles et prometteuses que sont les fondations citoyennes, déjà largement représentées aux Etats-Unis et qui actuellement se développent également dans les pays germanophones.