«Notre objectif est la représentativité» Entretien avec les responsables du projet «Conseil du futur U24»

La démocratie directe offre davantage de possibilités de participation que tout autre système. Il existe en outre des parlements des jeunes au plan régional et national. Pourquoi ce nouveau format?

Lara König: Des instruments de participation politique cruciaux sont déjà à la disposition des adolescents et des jeunes adultes actifs et motivés. C’est pourquoi de nombreuses associations de jeunes qui proposent de telles activités s’impliquent dans le projet en tant que partenaires. Le Conseil du futur U24 complète la palette des instruments déjà existants et s’adresse aussi à ceux qui ne sont pas encore actifs sur le plan politique. La représentation de presque toutes les populations visées, possible grâce à la collaboration avec l’Office fédéral de la statistique, est également unique. L’appel public pour la soumission de thèmes et le tirage au sort des participants nous permettront d’obtenir une représentation équitable de la population des jeunes de 16 à 24 ans au sein du Conseil du futur U24. Les jeunes de moins de 18 ans qui n’ont pas de passeport suisse peuvent également participer au projet.

Les travaux préparatoires sont en cours depuis un an et demi déjà. Quels ont été vos plus grands défis à ce jour?

Che Wagner: L’accès aux données était primordial, la question était de savoir «comment entrer en contact avec les jeunes?». La représentativité est notre objectif prioritaire. Ce n’est que grâce au soutien de l’Office fédéral de la statistique et des recherches menées parallèlement par l’Université de Zurich que nous avons pu adresser un courrier à un échantillon aléatoire d’adolescents et de jeunes adultes afin de les inviter à rejoindre le Conseil du futur U24. Ceci sans obtenir directement les données ou exercer une quelconque influence sur les destinataires.

Lara König: Le financement a été un autre défi. Un tel projet pionnier n’est pas exempt de risques. Ceux-ci doivent être supportés par tous les participants au projet. Nous sommes très reconnaissants du soutien désormais large de la société civile ainsi que des fondations régionales et nationales qui croient en nous. Le projet peut ainsi se déployer en toute indépendance et tester cette idée innovante.

Vous démarrez le projet en lançant un appel public auprès des adolescents et des jeunes adultes, qui peuvent soumettre les sujets qui les intéressent. Soyons honnêtes: n’est-ce pas le climat, la plus grande préoccupation des jeunes selon les sondages, qui est mis en avant ici?

Lara König: Les jeunes sont préoccupés par de nombreux thèmes. Selon divers sondages, les questions de politique sociale ou de discrimination figurent également tout en haut de la liste des priorités. Nous ne voulons pas anticiper les résultats et souhaitons que ce processus préliminaire soit également participatif. Nous voulons savoir de quoi ils souhaitent discuter en 2023 dans le cadre du format spécifique «Conseil du futur U24». Il s’agit peut-être d’un thème large comme l’équité climatique, mais peut-être aussi d’un sujet plus spécifique, comme la production d’énergie, ou tout à fait autre chose. Nous voulons laisser la génération décider elle-même.

Comment les adolescents et les jeunes adultes peuvent-ils devenir aujourd’hui déjà membres de ce Conseil du futur U24?

Che Wagner: Ils ont la possibilité de soumettre des idées de thème jusqu’au 9 février. Ils peuvent en outre s’abonner à notre newsletter ou nous suivre sur TikTok et Instagram. Ils y trouveront régulièrement des nouvelles ainsi que la possibilité d’échanger leurs idées, même s’ils ne pourront pas forcément participer au Conseil du futur U24 cet automne.

Comment les 80 jeunes qui participeront au Conseil du futur U24 seront-ils sélectionnés cet automne?

Lara König: Ce printemps, nous contacterons un échantillon aléatoire de 20 000 personnes parmi les 800 000 adolescents et jeunes adultes en Suisse. Après le tirage au sort parmi ceux qui se seront inscrits, le Conseil du futur comptera au final 80 participants.

Le Conseil du futur U24 est constitué par Pro Futuris, le Think & Do Tank de la SSUP. S’agit-il d’un projet pilote unique ou cette action s’inscrit-elle dans un plan de plus grande envergure?

Che Wagner: Le Conseil du futur U24 est une expérimentation unique qui ne sera pas automatiquement suivie d’autres projets. Mais il sera évalué avec un accompagnement scientifique et nous déciderons ensuite si et comment il pourrait être poursuivi en Suisse et quels acteurs pourraient être intéressés.