5. octobre 2017
Travail bénévole ? travail bénévole
Trois sociologues anglaises se sont intéressées au travail bénévole pour savoir quelle en était la part réellement volontaire. Elles ont constaté des motivations et raisons très variées pour le bénévolat. C’est pourquoi elles différencient quatre catégories: les bénévolats altruiste, instrumental, militant et forcé.
Trois sociologues anglaises se sont intéressées au travail bénévole pour savoir quelle en était la part réellement volontaire. Elles ont constaté des motivations et raisons très variées pour le bénévolat. C’est pourquoi elles différencient quatre catégories: les bénévolats altruiste, instrumental, militant et forcé.
Dans leur article intitulé «More Than a Little Act of Kindness’? Towards a Typology of Volunteering as Unpaid Work», paru dans la revue «Sociology», les chercheuses Mihaela Kelemen, Anita Mangan et Susan Moffat procèdent à une importante différenciation. Ce faisant, elles réagissent, entre autres, à l’idée de la «Big Society» de l’ex-Premier ministre Cameron, selon laquelle notre société renferme une réserve illimitée de bonne volonté qu’il convient d’exploiter pour développer le travail bénévole.
Basées sur une étude qualitative, les trois sociologues ont défini les catégories précitées, toutes les quatre produisant parallèlement des avantages individuels et collectifs. Il n’y a d’ailleurs pas forcément de frontières nettes entre les différentes formes du bénévolat.
Bénévolat altruiste: acte bienveillant au bénéfice de la communauté
Bénévolat instrumental: motifs tactiques orientés sur soi-même, dont élargissement des compétences
Bénévolat militant: activisme poursuivant un objectif précis
Bénévolat forcé: travail attendu ou imposé dans l’intérêt de la communauté
Les trois auteurs démontrent qu’au cours de ces 30 dernières années, un discours de marché a poussé les activités bénévoles à s’intégrer dans un modèle néolibéral hégémonique. Dans la littérature scientifique, les activités bénévoles sont de plus en plus identifiées par rapport à leurs avantages économiques. Le bénévolat forcé ou «voluntolding» en anglais parvient à se dissimuler de mieux en mieux: on fait du «corporate volunteering» sous la pression morale, on accepte de travailler pour l’euro symbolique ou on effectue un stage non rémunéré parce qu’il fait espérer l’embauche. Le service d’utilité publique vient même se substituer au paiement d’une amende ou à une peine de prison. En raison de ces contraintes collectives et des défis liés au travail non rémunéré, les trois sociologues plaident en faveur d’un renouveau: il convient de remettre l’accent sur la convivialité, l’altruisme et l’affinité personnelle comme motifs d’une activité bénévole.