8. mai 2016
Le mentorat était pure joie pour moi
Interview avec Michèle Uffer, mentor bénévole auprès de Job Caddie
Dans le cadre du programme de la SSUP Job Caddie, une centaine de bénévoles s’engagent en tant que mentors, hommes ou femmes, pour soutenir des jeunes adultes rencontrant des difficultés en apprentissage ou peu après. Nous avons demandé à Michèle Uffer, mentor bénévole auprès de Job Caddie,[nbsp] de nous parler de ses expériences.
Interview avec Michèle Uffer, mentor bénévole auprès de Job Caddie
Dans le cadre du programme de la SSUP Job Caddie, une centaine de bénévoles s’engagent en tant que mentors, hommes ou femmes, pour soutenir des jeunes adultes rencontrant des difficultés en apprentissage ou peu après. Nous avons demandé à Michèle Uffer, mentor bénévole auprès de Job Caddie,[nbsp] de nous parler de ses expériences.
Quel a été ton parcours professionnel?
Munie de mon diplôme fédéral d’informaticienne en économie, j’ai dirigé d’importants projets dans de grandes sociétés pendant assez longtemps. Au fil de mes missions, j’ai compris l’importance du facteur humain pour le développement de tout projet et, par le truchement du hasard, j’ai découvert la médiation. J’ai donc décidé de suivre une formation de médiatrice, puis, j’ai décroché un master en «human systems engineering». Master en poche, j’ai changé d’orientation professionnelle pour m’occuper de jeunes personnes. Depuis 2014, je suis co-responsable de l’organisation Berufslauf: [nbsp]www.berufslauf.ch
Pourquoi participes-tu au programme «Job Caddie» en tant que mentor bénévole?
J’avais besoin d’un équilibre par rapport à mes propres jeunes qui, généralement, réussissent leur parcours. J’ai délibérément choisi de m’occuper bénévolement de jeunes adultes éprouvant des difficultés. Le mentoring est une bonne méthode: Les mentors s’engageant auprès de Job Caddie ont une approche totalement différente de celle des spécialistes de l’encadrement des jeunes. Les mentors de Job Caddie sont des professionnels «normaux»; ils ont rarement une formation psychologique.
Combien de jeunes as-tu accompagnés? Quel mentorat t’a particulièrement satisfaite?
Jusqu’à présent, j’ai dû avoir 10 à 15 mentorats. En fait, je suis presque toujours de service auprès de Job Caddie; parfois, ces mentorats sont plus longs, parfois c’est assez bref. L’histoire de G. m’a le plus impressionnée parce qu’elle montre qu’un accompagnement peut subitement tout changer.
N’étant pas en Suisse depuis très longtemps, G. avait été scolarisé dans un classe d’intégration. Il était maintenant à la recherche d’un stage en informatique. Le mentor qui s’occupait de lui s’est adressé à moi pour savoir si l’entreprise dans laquelle je travaillais alors pouvait lui offrir un tel stage. Convaincre mon chef n’a pas été une mince affaire pour moi. Mais j’ai réussi et G. a commencé son stage. A présent, il travaille toujours pour cette entreprise dans laquelle il occupe désormais un poste fixe à la comptabilité. En résumé: On a donné à G. une chance qu’il a su saisir et exploiter pleinement. Il est d’ailleurs toujours en contact avec son ancien mentor et il a appris à parler couramment suisse allemand.
Et quel mentorat t’a le plus défiée?[nbsp]
Une fois, il m’est arrivé comme une révélation: à l’époque, je rencontrais mon mentee chaque semaine. Il assistait sagement à ces séances. Mais j’avais beau faire: impossible de le sortir de sa zone de confort. Il ne participait pas vraiment. Et d’une semaine à l’autre, il ne faisait rien de ce qui était convenu entre nous. C’était un cas. Et ce cas je l’ai soumis à mon groupe lors d’une séance de supervision. La responsable de ce groupe m’a fait comprendre que, face à moi, ce mentee n’avait manifestement pas besoin de réagir, qu’il trouvait la situation agréable et que par conséquent, il ne voyait pas pourquoi il y changerait quoi que ce soit. La semaine suivante, j’ai été sévère avec lui. Résultat: je ne l’ai plus jamais revu. Et voici ce que ce cas m’a appris: Il faut accepter que parfois un jeune ne soit pas prêt ou pas encore prêt; on lui demande alors des choses qu’il n’est pas capable de fournir. Laisser partir non seulement j’ai appris cela, mais c’est aujourd’hui ok pour moi. Lui et moi, nous aurions ainsi continué des années sans que rien ne change. Cette prise de conscience m’a impressionnée. Mais bien sûr, le plus satisfaisant c’est qu’un mentee vous envoie un SMS pour vous annoncer qu’il ou elle a une (nouvelle) place d’apprentissage ou que, grâce à notre intervention, son contrat n’a pas été résilié. J’ai aussi assisté une mentee assistante en soins. Je lui faisais répéter son cours. Elle n’avait pas de bons résultats à l’école professionnelle et il lui fallait améliorer ses notes sinon elle perdait sa place d’apprentissage. Elle devait alors apprendre les produits d’entretien en vue d’un examen. Elle a eu le déclic pour les produits d’entretien: ensemble, nous avons préparé cet examen. J’ai trouvé cela intéressant: j’avais toujours une demi-page d’avance sur elle, puisque je l’interrogeais. J’ai appris plein de choses sur les produits d’entretien et elle a pu remonter cette note dont dépendait sa place d’apprentissage.[nbsp]
Que t’a apporté personnellement ce mentorat?
C’était pure joie! Pur plaisir! Elle venait toujours, elle apportait ses affaires et repartait pleine d’élan. Elle n’a pas eu besoin de moi pour longtemps; juste pour une courte période qui lui a permis de se reprendre.
Michèle Uffer[nbsp] s’engage depuis 2013 en tant que mentor bénévole auprès de Job Caddie.
Propos recueillis par Claudia Manser, responsable du programme Job Caddie:[nbsp]www.jobcaddie.ch