La SSUP encourage la recherche sur le bénévolat
Ce n’est que grâce à l’engagement bénévole dans l’intérêt général de certains particuliers que la SSUP est née en 1810. Rien de surprenant donc qu’il y a une dizaine d’années, la SSUP ait décidé de promouvoir, entre autres par des aides financières, la recherche appliquée et orientée vers la pratique dans le domaine du bénévolat. A cette fin, en 2003, elle a créé sa commission spéciale «Recherche Bénévolat».
Initier des projets de recherche et les soutenir
D’une part, la commission «Recherche Bénévolat» lance ses propres projets de recherche, tel l’Observatoire du bénévolat. D’autre part, elle accepte d’évaluer les projets de tiers, auxquels elle recommande parfois des contributions financières.
Renseignements relatifs à une éventuelle demande de soutien.
Etude soutenue par la SSUP Les compétences des volontaires: un potentiel sous-estimé
Comment motiver et mobiliser les jeunes? La clé du succès serait-elle dans le bénévolat associatif? Une étude montre que, grâce au travail bénévole, les jeunes acquièrent des compétences très appréciées par les futurs employeurs. La SSUP a soutenu cette étude de Sandrine Cortessis et Saskia Weber Guisan de l’Institut fédéral des hautes études en formation professionnelle (IFFP).
À l’heure où les entreprises doivent chercher des stratégies pour retenir les jeunes, une question se pose: Pourquoi les jeunes consacrent-ils du temps et de l’énergie à des activités bénévoles pour lesquelles ils ne reçoivent ni salaire ni bonnes notes? Les chercheurs de l’IFFP ont posé cette question à une quarantaine de volontaires âgés de 16 à 25 ans, dont la plupart au moment de l’enquête étaient en formation (apprentissage, école secondaire supérieure, haute école spécialisée ou université) ou, dans certains cas, déjà professionnellement actifs. Leurs déclarations confirment que, notamment grâce au soutien des responsables d’association et en se comparant à leurs pairs, les jeunes acquièrent de la confiance en eux, développent leur esprit d’initiative et améliorent leur capacité à coopérer. Grâce à la responsabilité qui leur est confiée à un stade précoce, ils peuvent accumuler des expériences de planification, d’organisation et de gestion de projets, tout en apprenant à maîtriser l’équilibre entre des exigences diverses. Malheureusement, ces aptitudes ne sont pas suffisamment reconnues dans le monde du travail et de l’éducation.
Des motivations variées
La décision des jeunes de s’engager ou non dans une association dépend dans une large mesure des opportunités qui s’offrent à eux dans leur environnement immédiat, par exemple dans leur parenté, leur réseau d’amis ou leur région. Les relations jouent un rôle important dans l’engagement volontaire des jeunes. Pourtant il y en a aussi qui s’impliquent dans une association sans l’aide de leur environnement, notamment parce qu’ils sont intéressés par une tâche ou un domaine spécifique. Comme Eva qui a été attirée par le service des pompiers volontaires et Sam qui a rejoint la Croix-Rouge de la jeunesse parce qu’il voulait aider ses semblables. Le désir de combiner l’agréable et l’utile est une autre raison de s’impliquer dans une association. C’est le cas, par exemple, des jeunes qui adhèrent à un club sportif ou culturel. Ils ont accès à un environnement qui les intéresse et reçoivent parfois un petit retour, sous forme de boissons, d’entrées gratuites ou autres. Cependant, les raisons de l’engagement des jeunes dans l’association ne sont pas nécessairement identiques à celles qui les amèneront plus tard à participer à la vie associative sur le long terme. Alors qu’est-ce qui fait que les jeunes resteront fidèles à une association sur le long terme et s’engageront durablement? Deux facteurs jouent ici un rôle décisif: le sentiment d’appartenance et la réputation de l’engagement associatif.
Sentiment d’appartenance
Le sentiment d’appartenance semble jouer un rôle important, surtout pour les jeunes qui sont au seuil de la vie adulte. Les «futurs adultes» sont à la recherche d’une nouvelle identité et ont un fort besoin d’essayer différentes activités, idées et positions et de tester différentes décisions. Les organisations de volontariat semblent répondre à ces besoins en offrant aux jeunes adultes la possibilité de vivre des situations différentes et d’assumer des rôles différents. Les jeunes volontaires peuvent s’intégrer dans une communauté dans laquelle on leur fait confiance et où on leur donne des responsabilités. En même temps, le désir des jeunes d’appartenir à un groupe peut se réaliser. Le sentiment d’être digne de confiance, d’appartenir à un groupe, de vivre des moments de convivialité avec des personnes de même sensibilité et de pouvoir échanger des idées au-delà du bénévolat, voilà ce qui motive les jeunes à s’engager. Ceux interrogés ont particulièrement mis l’accent sur le sentiment d’appartenance. Les personnes qu’ils apprennent à connaître grâce au bénévolat jouent un rôle important dans leur vie. Ils les considèrent comme des amis, sinon comme une «deuxième famille». C’est le cas de Dario (22 ans), par exemple, qui s’est engagé aux pompiers volontaires: «Nous sommes 30 dans les pompiers volontaires, alors je me suis fait 30 nouveaux amis.» Qu’ils œuvrent au sein de petites ou de grandes organisations bénévoles, de nombreux répondants ont déclaré qu’ils aiment passer du temps en dehors de l’école, du travail et de la famille avec des personnes de même sensibilité, qui ont les mêmes passe-temps et préférences et qui partagent les mêmes idées, idéaux et valeurs. Ils ne voient pas le bénévolat comme un fardeau. Les jeunes volontaires sont aussi portés par la bonne humeur qui règne dans le groupe.
Réputation et responsabilité
Dans le monde du travail, il faut gagner petit à petit la confiance des autres. Dans les clubs, par contre, les jeunes peuvent rapidement prendre des responsabilités. Cette reconnaissance motive les jeunes à investir beaucoup de temps et d’énergie dans leur activité bénévole. Il en va ainsi de Céline qui, à l’âge de 23 ans, est devenue responsable des ressources humaines d’un club de musique où elle a d’abord travaillé au bar et à la caisse. «C’est moi qui coordonne tout et qui paie les cotisations de sécurité sociale. […] C’est assez drôle parce que beaucoup d’employés sont plus âgés que moi. Certains ont plus de 30 ans, je suis la petite dernière de la famille avec mes 23 ans.» Céline est heureuse d’avoir eu l’occasion d’assumer un nouveau rôle, qui lui donne un certain prestige en raison des responsabilités qui en découlent. Elle mobilise toutes ses ressources pour prouver qu’elle est à la hauteur des tâches qui lui sont confiées, comme la gestion budgétaire. Comme Céline, Nicolas s’implique aussi dans une activité bénévole. Pendant la journée, il travaille comme ouvrier sur des chantiers de construction, et le soir, il est vice-président d’un parlement de jeunes. Lui aussi est fier du prestige et de la responsabilité qui accompagnent cette activité. De nombreux bénévoles disent que dans d’autres secteurs de la société, comme l’école ou le milieu du travail, on leur refuse largement cette confiance. Ils trouvent frustrant d’être forcés d’assumer un rôle qui les oblige à être passifs.
Découvrir des potentiels et les développer
«Tout ce que j’ai appris au sein de la Commission, donc en dehors de ma vie professionnelle, j’ai pu le mettre à profit dans mon apprentissage… J’ai gagné plus de confiance en moi.» Tiziana (20 ans), membre d’un parlement de jeunes, n’est pas la seule à avoir déclaré dans l’enquête que le volontariat a été bénéfique pour son développement personnel. Grâce à son activité bénévole, elle a appris à mieux se connaître, à grandir dans ses tâches, à prendre confiance en elle, à gérer le stress, à travailler en équipe et à écouter les autres. Dès lors que ces aptitudes personnelles et sociales sont associées à d’autres ressources, les jeunes apportent les atouts préalables les plus importants pour mener à bien toute une série d’activités avec compétence. Ce fut également le cas de Joël (19 ans), membre de la Jeunesse Rurale. «Pour travailler dans un bar où passent 100 à 150 personnes, on a besoin d’un certain calme et aussi d’un certain talent d’organisateur. Vers deux ou trois heures du matin, les gens peuvent devenir un peu agressifs.» Outre ces capacités générales, les bénévoles acquièrent également des compétences spécifiques dans le domaine d’activité de leur association. Les organisations bénévoles étant structurées en comités ou en groupes de travail, les jeunes peuvent acquérir des connaissances administratives ou techniques, par exemple en établissant des ordres du jour ou des procès-verbaux de réunions, en tenant ou en présentant un budget. Leur participation à l’association leur donne également l’occasion de se familiariser avec un nouveau vocabulaire ou d’interagir avec des groupes cibles spécifiques, tels que les enfants, les artistes ou les personnes handicapées.
Les compétences sont sous-estimées
Les «soft skills», c’est-à-dire les compétences personnelles et sociales, sont très demandées dans le monde du travail. Néanmoins, les employeurs ne sont pas suffisamment conscients des capacités acquises par les jeunes dans une activité bénévole. Un employeur sans expérience personnelle de la vie associative aura tendance à sous-estimer les compétences acquises par les jeunes dans un contexte extra-scolaire et qui ne conduisent pas à une qualification attestée par un diplôme. Pour que les associations soient considérées comme des lieux d’apprentissage et de développement de compétences au même titre que les écoles et les entreprises, les volontaires eux-mêmes doivent prendre conscience de leurs aptitudes et de leurs forces – et ils doivent les rendre visibles. L’apprentissage non formel et informel dans les organisations bénévoles doit être mieux reconnu à l’avenir. Le dossier «Bénévolat» (http://www.dossier-freiwillig-engagiert.ch/fr/dossier/contenu.html) constitue une première étape dans cette direction. Ce dossier permet de consigner de manière systématique les activités bénévoles, de les décrire et de documenter les compétences acquises, d’une part, et les formations suivies, d’autre part.
Sandrine Cortessis, Saskia Weber Guisan, Evelyn Tsandev
«Le bénévolat des jeunes: une forme alternative d’éducation»
Éditions Seismo, Zurich 2019 / 192 pages, CHF 32.-, ISBN 978-2-88351-086-9
Travail bénévole ≠ travail bénévole
Trois sociologues anglaises se sont intéressées au travail bénévole pour savoir quelle en était la part réellement volontaire. Elles ont constaté des motivations et raisons très variées pour le bénévolat. C’est pourquoi elles différencient quatre catégories: les bénévolats altruiste, instrumental, militant et forcé.
Dans leur article intitulé «More Than a ‘Little Act of Kindness’? Towards a Typology of Volunteering as Unpaid Work», paru dans la revue «Sociology», les chercheuses Mihaela Kelemen, Anita Mangan et Susan Moffat procèdent à une importante différenciation. Ce faisant, elles réagissent, entre autres, à l’idée de la «Big Society» de l’ex-Premier ministre Cameron, selon laquelle notre société renferme une réserve illimitée de bonne volonté qu’il convient d’exploiter pour développer le travail bénévole.
Basées sur une étude qualitative, les trois sociologues ont défini les catégories précitées, toutes les quatre produisant parallèlement des avantages individuels et collectifs. Il n’y a d’ailleurs pas forcément de frontières nettes entre les différentes formes du bénévolat.
Bénévolat altruiste: acte bienveillant au bénéfice de la communauté
Bénévolat instrumental: motifs tactiques orientés sur soi-même, dont élargissement des compétences
Bénévolat militant: activisme poursuivant un objectif précis
Bénévolat forcé: travail attendu ou imposé dans l’intérêt de la communauté
Les trois auteurs démontrent qu’au cours de ces 30 dernières années, un discours de marché a poussé les activités bénévoles à s’intégrer dans un modèle néolibéral hégémonique. Dans la littérature scientifique, les activités bénévoles sont de plus en plus identifiées par rapport à leurs avantages économiques. Le bénévolat forcé – ou «voluntolding» en anglais – parvient à se dissimuler de mieux en mieux: on fait du «corporate volunteering» sous la pression morale, on accepte de travailler pour l’euro symbolique ou on effectue un stage non rémunéré parce qu’il fait espérer l’embauche. Le service d’utilité publique vient même se substituer au paiement d’une amende ou à une peine de prison. En raison de ces contraintes collectives et des défis liés au travail non rémunéré, les trois sociologues plaident en faveur d’un renouveau: il convient de remettre l’accent sur la convivialité, l’altruisme et l’affinité personnelle comme motifs d’une activité bénévole.
Demandes concernant des projets de recherche
La Société suisse d’utilité publique (SSUP) souhaite encourager la recherche sur le bénévolat. A cette fin, elle a créé sa commission spéciale «Recherche Bénévolat» chargée de promouvoir tout spécialement les projets de recherche spécifique au domaine.
La SSUP soutient et accompagne actuellement les nouveaux projets de recherche ci-dessous, qu’elle présentera d’ailleurs sur cette page lorsqu’ils auront été menés à terme; il est possible qu’ils fassent également l’objet d’une publication aux éditions Seismo.
Bruno S. Frey / Jana Gallus: Freiwillig? – Ausgezeichnet! Eine empirische Analyse der Effekte von Auszeichnungen auf Motivation und Leistung im Freiwilligensektor
Janine Voit (EHB/IFFP/IUFFP) u.a.: Engagement des jeunes dans les activités bénévoles et développement des compétences
Markus Lamprecht, Hanspeter Stamm: Die Sportvereine im Wandel. Eine Analyse der Entwicklung und Perspektiven der Schweizer Sportvereine unter besonderer Berücksichtigung der Freiwilligenarbeit
Stefan Güntert: Wertekongruenz als Erfolgsfaktor für nachhaltige Freiwilligkeit. Eine Analyse der Bedeutungsfacetten und Wirkmechanismen
Si vous souhaitez vous renseigner sur une éventuelle participation de la SSUP, cliquez sur Soutien de projets de recherche.
Contacts
Président de la commission spéciale «Recherche Bénévolat»: Peter Farago, E-mail
Directeur de la SSUP: Lukas Niederberger, E-mail
Publications
La série «Freiwilligkeit» est éditée par Seismo (Zurich) en coopération avec la SSUP.
Etudes intéressantes
Zivilgesellschaft in der Schweiz (Société civile en Suisse)
Dans le cadre des débats actuels sur la société civile, cette étude a été la première à s’intéresser de manière approfondie à l’organisation locale du bénévolat et aux conditions de l’engagement associatif en Suisse. Elle a répertorié les structures associatives de plus de 1200 communes et interrogé la population de plus de soixante parmi elles sur son engagement associatif et son opinion de la vie associative. Sa priorité a porté sur une analyse des conditions-cadre culturelles, structurelles et politiques du volontariat et du bénévolat à l’échelle locale. Elle a examiné notamment les instruments locaux utilisés pour la promotion du bénévolat, mettant ceux-ci en relation avec l’engagement réel de la population et souhaitant obtenir une impression réaliste de l’efficacité de la «politique d’engagement» communale. L’ampleur des activités volontaires locales est d’abord un fait de culture, alors que les tentatives d’intervention politique sur les modalités du bénévolat ont un effet égalisateur et tendent à élargir les activités bénévoles à des couches plus vastes de la population. Bref: la culture détermine la quantité et la politique définit la qualité sociale des activités associatives locales.
Richard Traunmüller, Isabelle Stadelmann-Steffen, Kathrin Ackermann, Markus Freitag Zivilgesellschaft in der Schweiz. Analysen zum Vereinsengagement auf lokaler Ebene. 2012, 240 pages, ISBN 978-3-03777-113-6
Présentation du professeur Markus Freitag, janvier 2013
Doris Aregger: Dissertation „Freiwillig Engagierte – Engagierte Freiwillige. Wer sind die Schweizer Freiwilligen und was leisten sie? Eine empirische Analyse der Determinanten der Freiwilligenarbeit in der Schweiz PDF
Romualdo Ramos / Theo Wehner u.a.: Busy Yet Socially Engaged: Volunteering, Work–Life Balance and Health in the Working Population PDF
Lukas Scherer / Daniel Jordan: Workshop der GGKS: Wie gewinnen wir neue Freiwillige? Wie verbessern wir unsere öffentliche Wahrnehmung und Anerkennung? PDF
Daniel Jordan / Alexandra Cloots: Quantitative Analyse der regulatorischen Vorschriften bei den gemeinnützigen Organisationen im Kanton St. Gallen PDF