27. janvier 2018

Qu’apporte le bénévolat et à qui?

Plus de 220 personnes provenant du pays entier et qui, soit coordonnent des volontaires, soit font des recherches dans le domaine du bénévolat, se sont réunies le 6 novembre à Berne à l’occasion du colloque annuel du «Réseau Suisse Bénévolat». Elles ont débattu de l’utilité des activités bénévoles pour les bénéficiaires directs, les bénévoles eux-mêmes, les organisations et la société dans son ensemble.

Rapport sur le colloque du «Réseau Suisse Bénévolat» du 6 novembre 2017 à Berne
Plus de 220 personnes se sont réunies au colloque à Berne: des personnes provenant du pays entier et qui, soit coordonnent ou forment des volontaires, soit font des recherches dans le domaine du bénévolat. Au cours des réunions des années précédentes, les colloques du «Réseau Suisse Bénévolat» ont thématisé la reconnaissance du travail des bénévoles ainsi que la motivation, le recrutement et la diversité des bénévoles. Cette fois, les débats ont porté sur les effets positifs du bénévolat pour les différents groupes cibles: pour les bénéficiaires directs, les bénévoles eux-mêmes, les organisations et la société dans son ensemble.

Les avantages du bénévolat et l’optimisation de ces avantages ont été discutés par trois tables rondes. Les débats ont été dirigés par Emilia Pasquier (directrice de foraus) et Lukas Niederberger (directeur de la SSUP et organisateur du colloque).

La première table ronde a porté sur l’utilité du bénévolat pour la société. L’Office fédéral de la statistique détermine régulièrement la valeur économique du bénévolat en procédant à un calcul: 700 millions d’heures par an, multipliées par 55 francs. Toutefois, aux yeux des spécialistes du bénévolat, cette évaluation monétaire des activités bénévoles est problématique dans la mesure où ces activités ne sont justement pas rémunérées et que ce fait représente même un facteur de motivation pour les bénévoles. C’est pourquoi Jacqueline Schön-Bühlmann de l’Office fédéral de la statistique, Markus Freitag de l’Université de Berne, Cornelia Hürzeler du Pour-cent culturel de Migros, Reto Lindegger de l’Association suisse des communes et Karin Breuninger de Genève Bénévolat ne se sont pas arrêtés sur l’aspect monétaire, mais ont surtout relevé les avantages du bénévolat pour la société, en particulier dans les domaines de la participation, de la démocratie et de la cohésion sociale. Discutant en vingt petits groupes, les participants du colloque ont constaté un réel potentiel d’optimiser les bénéfices pour la société dans tous les domaines:

Les organisations bénévoles de la société civile peuvent:

-[nbsp] créer des centres et des sites internet permettant de coordonner des activités bénévoles

-[nbsp] s’adresser spécifiquement aux nouveaux retraités, aux groupes de jeunes et aux immigrants

-[nbsp] donner l’occasion d’acquérir et de développer des compétences[nbsp]

-[nbsp] réduire la bureaucratie

-[nbsp] renforcer les relations publiques

-[nbsp] consolider et développer des réseaux avec d’autres organismes bénévoles L’économie peut:

-[nbsp] développer la coopération entre les organisations de la société civile et les entreprises

-[nbsp] développer la reconnaissance de l’engagement volontaire par les entreprises L’État peut:

-[nbsp] développer la coopération des organisations bénévoles avec les communes

-[nbsp] sensibiliser la politique pour l’engagement civique

La deuxième table ronde s’est intéressée aux avantages du bénévolat pour les bénévoles eux-mêmes. Sandrine Cortessis de l’Institut fédéral de la formation professionnelle, Denise Moser d’Innovage, Latha Heiniger du CHUV de Lausanne et Stefan Güntert de la FHNW (HES) ont constaté que les bénéfices des bénévoles variaient en fonction de l’âge de ceux-ci et de la nature de leur engagement. En revanche, tous les bénévoles partagent la même attente: l’activité bénévole doit faire sens et plaisir, bien plus que l’activité professionnelle. Stefan Güntert a présenté un élément intéressant tiré d’une étude qui sera prochainement publiée: La motivation des bénévoles est d’autant plus élevée que l’organisation traite bien ses salariés.

Le troisième débat était consacré à la question controversée et non résolue de la compensation matérielle du bénévolat. Une enquête auprès de 400 professionnels a révélé que plus de 60% d’entre eux considèrent contradictoire le versement d’une compensation financière pour une activité bénévole. Le Professeur Theo Wehner rejette l’idée d’une compensation matérielle du bénévolat; selon lui, elle favorise encore la «marchéisation» et la «managementisation» observées dans tous les domaines de notre vie. Carine Fleury Bique de la Croix-Rouge suisse a précisé que toute activité faisant l’objet d’une compensation dépassant le simple remboursement de frais est une activité rémunérée et doit être déclarée comme telle. Pour Markus Gmür de l’Institut VMI de l’Université de Fribourg et Ruedi Winkler, Président de KISS (crédits de temps pour assistance de voisinage), la compensation monétaire peut motiver des gens à s’impliquer, lesquels ne pourraient, sans elle, se permettre un tel engagement. Selon M. Gmür et R. Winkler, il n’est pas non plus logique ni compréhensible que la gestion opérationnelle des OSBL soit rémunérée par des salaires alors que la gestion stratégique confiée aux conseils d’administration et de fondation ne l’est pas. Les spécialistes sur le podium et dans le public étaient d’accord sur un point: le terme de bénévolat devra – au moins dans la langue allemande – être redéfini dans les années à venir. Citons deux exemples: dans les régions germanophones, la prise en charge de proches équivaut à de la «Freiwilligenarbeit» (travail volontaire), alors que dans les pays francophones, quel que soit le lieu, elle ne représente pas un travail volontaire, car elle repose sur une obligation morale. Par ailleurs, sur le plan de la rémunération, la langue française fait une distinction entre les volontaires, qui sont rétribués pour leur travail, et les bénévoles, qui agissent gratuitement. Une différenciation analogue en allemand serait sans doute utile. Dans les vingt petits groupes, les participants ont mentionné divers régimes de rémunération et d’incitation qui consolideraient les avantages du bénévolat tout en préservant leur gratuité:

-[nbsp] Remboursement des dépenses réelles, indemnités de frais, indemnités de présence

-[nbsp] Cadeaux (repas, apéritifs, manifestations, excursions, vœux d’anniversaire et de Noël)

-[nbsp] Reconnaissance publique

-[nbsp] Remerciements officiels par le Président/la Présidente du Conseil fédéral

-[nbsp] Participation à des formations

– Participation à des manifestations éducatives en équipe ou des soirées à thème avec des spécialistes

-[nbsp] Adhésion gratuite à l’organisation

– Services de coaching

-[nbsp] Utilisation de locaux et d’équipements de travail à usage privé

-[nbsp] Bons à utiliser dans l’organisation (par exemple des tickets de concert)

-[nbsp] Emission d’une attestation d’engagement (dossier de Bénévol)

-[nbsp] Reconnaissance du travail bénévole comme temps de travail (par l’employeur)

-[nbsp] Participation aux décisions prises par l’organisation

A la fin du colloque, Maximiliane Basile a présenté «Five up», une application qui pourra être utilisée à partir de l’été 2018 pour coordonner les activités bénévoles en Suisse.